femme disparaît (versions)

Par Georgika Aeby-Demeter

Le Poche sur les pistes des possibles

Plongée dans l’émoi féminin

Résolument contemporain, dès ses débuts en Vieille -Ville de Genève, Le Poche s’est affirmé par ses choix digressifs, ses pièces d’avant-garde audacieuses. Théâtre de textes, entre autres préoccupations sociétales, la place des femmes suscite ici des réflexions passionnées. Terrain de partage, POCHE/GVE instaure le dialogue entre les artistes et le public… A l’affiche jusqu’au 5 mai 2024, avec femme disparaît (versions) de Julia Haenni, la thématique proposée intrigue, questionne, bouscule et, oblige à (re)mettre en cause l’écho invisible dominant du genre… masculin !

Un appartement déserté, des portes ouvertes…  Une main féminine tâtonne, pousse l’entrée. Une silhouette se faufile à l’intérieur des lieux cherchant à découvrir ce qu’est devenue la locataire… Une deuxième femme foule aussitôt l’espace suivie par une autre… La paire de baskets sur le trottoir appartenait-elle à l’habitante disparue ? Les questions se bousculent, ne se connaissant pas et ne résidant pas là… les trois intruses s’interrogent sur ce qui serait arrivé à celle qui y vivait… Mais encore, pourquoi s’agirait-il d’une femme ? A travers elle, que cherchent ces inconnues sinon leur propre histoire ? Celle de toutes les femmes, jeunes, vieilles, seules ou accompagnées… Et, sans enfants ! Réduites aux seconds rôles et, forcées de jouer les faire-valoir… S’immisçant à la place de ce personnage qui aurait juste pété les plombs, les visiteuses se mettent à imaginer d’autres trajectoires, d’autres virages où tous les moi restent possible…

femme disparait,... D'autres aparaissent, disparaissent, se retrouvent... ©CHLOE COHEN Que recherchent-elles ces disparues ? Au fond d’elles-mêmes, tenteraient-elles de prendre possession de nouveaux espaces de vie ? Où se réfugier, se cacher. Pour tout simplement, être ! Courant après un renouveau, trois femmes partent ici sur les chemins de reconstruction personnelle. Bouleversant cette normalité aux tristes usages, détermination et questionnements fusent dans un va-et-vient forcené, rageur, résolu à brouiller les acquis. Dans l’ambiance dépouillée d’un décor de planches, plat, sombre, intemporel, ponctué de trous, pris comme autant de refuges secrets permettant un retour sur soi, vers un quelconque début d’intimité tragique ou… joyeuse ! Julia Haenni a reçu le Prix de littérature de Berne en 2020 ainsi le Prix Welti du théâtre en 2021 pour femme disparaît (versions). La mise en scène est signée Giulia Rumasuglia.

19 avril 2024
Banddeau supérieur : Un appartement déserté,des portes ouvertes... © CHLOE COHEN
Site officiel www,poche---gve.ch/
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