HOMMAGE AU LIBAN

Par Georgika Aeby-Demeter

Souvenirs et nostalgie
Beyrouth panse ses blessures

Avec sa joie de vivre et son sens de l’hospitalité, le Pays des Cèdres avait recréé sa capitale et son centre-ville renouant avec les affaires et le tourisme que 15 ans de guerre avaient contenus et éloignés. Le Liban avait retrouvé son faste, ses couleurs et ses saveurs. Sa frénésie d’entreprendre ! En reconstruisant Beyrouth et en remettant en phase son économie, la Suisse du Moyen-Orient a reconquis sa séduction et sa vitalité. Distinction amplement méritée, le New York Times ne l’avait-il pas classée, Première ville à découvrir en… 2009 ! Déambulation.

Entre mer et montagne, si la destination possède de multiples atouts touristiques, historiques et culturels, le charme de Beyrouth doit à sa population, cette recherche trépidante de plaisirs gourmands, mondains, nocturnes qu’elle seule sait offrir. Des plages comme en Floride, des palaces, des enseignes de marque… restaurants, pubs, night-clubs ne se comptent pas. D’inspiration locale ou à la pointe des modes les plus tendances, ils sont toujours complets et l’on vous sert à toute heure ! De Monot à Gemmayzé, en passant par Verdun et Hamra ou, au centre-ville, c’est la fête ! Pour le reste, les femmes sont élégantes et les hommes flamboyants, la circulation démente, Beyrouth est too much et on adore ! On n’a jamais cessé de l’aimer, mais aujourd’hui, les larmes ont remplacé le plaisir ! Beyrouth pleure ! Elle a été frappée au cœur !

Au Liban, les premières traces de population remontent à plus de 5000 ans av. J.-C. Toujours habitées, Byblos (au nord), Tyr et Sidon (au sud) sont parmi les plus anciennes villes du monde. Connu comme la patrie des Phéniciens – ce peuple commerçant, grand navigateur et constructeur légendaire de bateaux en bois de cèdre – le pays a vécu sous de nombreuses dominations qui ont tissé ses particularités – perse, assyrienne, romaine, byzantine, arabe ou ottomane et, plus proche de nous, française – ! Au croisement de l’Asie, l’Afrique et l’Europe, dès l’aube de l’Histoire, Beyrouth, port actif et, centre important renommé pour son école de droit, occupait déjà une place stratégique dans les échanges méditerranéens…

Downtown Beirut – Centre-ville mythique

Après la guerre civile qui désola le Liban entre 1975 et 1990, le centre-ville détruit fut l’objet d’un grand projet de reconstruction mené sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Préservant le riche patrimoine de la ville, il se déroula dans le respect des 18 communautés implantées sur les lieux. En effet, pas moins de 10 églises, 6 mosquées et une synagogue se trouvaient dans le périmètre du chantier ! Les travaux entrepris ont permis de dégager, entre autres vestiges phénicien, perse ou byzantin, une cité hellénistique, un site archéologique romain, des remparts cananéens, une mosquée du XVe siècle de l’époque des Mamelouks…

Outre la partie historique préservée, une zone résidentielle fut entièrement créée, avec des appartements de luxe – arcades, balconnets, arabesques, pierres de taille -, conférant au quartier un cachet particulier fait d’élégance et d’authenticité ! Pour favoriser une activité mixte, une aire piétonne et une artère sous voutes – où divers commerces et bureaux côtoient enseignes haut de gamme, restaurants et autres lieux de convivialité – complètent l’aménagement ! Le succès est au rendez-vous ! Le centre-ville ne désemplit pas. A proximité, le village Saifi, comme un gros bourg reconstitué accueille en son espace de nombreuses terrasses, boutiques et galeries. Soufflé le 4 août par deux explosions meurtrières depuis le port, il n’en reste plus que des vies et des vitres brisées, des gravats et la désolation ! Beyrouth pleure.

Mer et montagne

En 1860, Ernest Renan philosophe et archéologue, spécialiste de la Phénicie, écrivait : « Si vous voulez voir une nature dont rien ne peut égaler le charme, une mer admirable, un ciel incomparable, des montagnes les plus belles du monde… venez au Liban ! » En effet, du littoral et ses superbes plages jusqu’aux plus hauts sommets, le panorama est magnifique dans sa multiplicité ! Si le pays doit à sa géographie la fascination qu’il inspire, sa créativité foisonnante n’est pas en reste, la vie culturelle est ici intense et variée.

Le peuple libanais affiche un goût affirmé pour le spectacle, festivals et manifestations drainent, en effet, un public nombreux et avisé. Les grands événements artistiques ont le plus souvent pour cadre les sites grandioses, vestiges de l’histoire millénaire du pays. En été, le Festival international de Baalbeck, la rencontre la plus prestigieuse du Moyen-Orient, se tient dans la ville hellénistique et romaine construite sur les ruines d’une cité phénicienne. Hélas, ce 4 août les fêtes sont oubliées. Beyrouth panses ses blessures …

Le pays qui chante le Cantique des Cantiques, celui dont les ancêtres ont inventé la pourpre, l’alphabet et la navigation, qui a poussé l’art de l’accueil à la perfection et cultive l’hospitalité comme une vertu, le Liban des paysages bibliques, des montagnes, du lait et des légendes n’est pas fait pour la désolation. Il balaiera les débris de vitres pour retrouver sous les décombres ce qu’on appelait, jadis, le miracle libanais. Encore une fois, encore et encore ! On y croit.

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Liban. Multiples splendeurs au pays des cèdres (2009) <– Cliquer ici

 

 

 

 

06 août 2020
© photos Georgika Aeby-Demeter
Baalbeck Beyrouth Byblos Liban Rafic Hariri. Sidon Tyr
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