le spectacle éblouissant
reçoit une standing ovation
Avec la version 2024, l’équipe managériale et artistique de la Revue Genevoise prend ici le grand large embarquant son public en croisière sur un luxueux paquebot. La Première au Théâtre de Carouge a enchanté les spectateurs époustouflés par tant de rythme, de prouesses chorégraphiques, d’effets de scènes. De réparties et dialogues… Chapeau !
Sous la plume de Claude-Inga Barbey qui se déchaîne face aux éléments et, se fait embarquer dans un rôle de femme mature toute chaloupée par de jeunes matelots et, celle de Laurent Deshusses se plaisant, quant à lui, sur ce navire incertain, le duo se joue de situations en eaux troubles. De face-à-face soutenus en prodigieux chapelets de dialogues, les deux auteurs mènent ici tout leur petit monde de croisiéristes, et vogue la galère ! On rit, on s’esclaffe porté par un imaginaire débridé, si proche et familier de notre réalité ! Avec ses complices de la rédaction, Pierric Tenthorey a plongé l’équipage dans une création collective, une scénographie tout en éclats et surprises ! A tanguer de plaisir.
Si les genfereis tant appréciées et attendues se sont faites plus discrètes cette année, les clins d’œil n’ont pas manqué de glisser en terrains délicats et critiques… Il a été question de népotisme et d’embauches familiales, de PAV et d’espaces verts donnant l’occasion à la délicieuse intervention sur scène d’un groupe d’insectes et petites bestioles menacées dans leur environnement… Un pur régal éthéré et gracieux. Autre sujet de haute actualité, les 70 ans du CERN et les discussions autour de son anneau et la faisabilité de son accélérateur sous une écoute téléphonique douteuse finissant – après un échange drôle et rocailleux – par une danse endiablée. On ne saurait manquer de signaler les last minutes rajoutées astucieusement, les eaux contaminées Rive Droite, les affaires Abbé Pierre – qui s’est vu refuser l’accès au bateau – et, la présence de Gérard Depardieu, égal à lui-même, avec ses travers et sa truculence oversize.
Si l’ensemble du personnel du bateau est jeune, avec ses marinière et Dixie Cups – couvre-chefs de moussaillon – il apporte là une fraîcheur contrastant fortement avec un certain barman et son dialogue aviné avec une mouette, philosophe… La revue met également l’accent sur la différence des générations avec un épisode hilarant présentant en parallèle deux couples au restaurant, avec leurs attitudes et choix culinaires dictés par l’âge. Dans le même registre, le public a eu droit à sa séquence émotion avec l’apparition de deux naufragés appelant à l’aide sur leur pneumatique. Figurant l’AVS et l’angoisse des ainés face à leurs revenus, ils ont joint le sentiment à la partition d’une comédie musicale humoristique lancée sur la piste de la perfection. Un spectacle total avec ses superbes danseuses et danseurs, sa musique, ses chansons et ses interprètes, sans oublier les costumes et les effets incroyables en un décor dont le plateau est le navire…
Si les situations sont désopilantes et les dialogues drôlement menés, la machine fait preuve du professionnalisme acharné d’une entreprise lourde à porter…. Vous avez dit passion ? Pour cette Première, la représentation a reçu une standing ovation. Embarquement à réserver jusqu’au 31 décembre 2024.