Un feu d’artifice à Palexpo
L’art contemporain retrouve ses fans
Le palais des expositions a repris des couleurs après la période de « glaciation » selon le terme utilisé par Thierry Apothéloz, Conseiller d’Etat chargé du Département de la cohésion sociale (DES) de la République et canton de Genève, venu en personne couper le ruban virtuel d’artgenève. Enfin, la Cité de Calvin retrouvait ici son fidèle public en présentiel. Regards.
Lors de l’inauguration de la manifestation en présence de Thomas Hug, fondateur du salon, accueillant les premiers invités, Claude Membrez, Directeur général de Palexpo n’a pas manqué de souligner l’heureuse effervescence de retour au Palais des Expositions. A cette occasion, le Prix Solo artgenève – F.P. Journe, distinguant la meilleure exposition monographique présentée par les instances participantes, a été remis à l’artiste zurichoise, de la Galerie Urs Meile, Rebekka Steiger pour son œuvre colorée et sensible. Dans le même contexte, mention spéciale également à la Gallery Pace pour Lukas Samaras dont le tableau acquis par F.P. Journe – partenaire d’artgenève depuis 2014 – sera offert à une institution genevoise.
Le public a trouvé à Genève sur une seule et même scène pas moins de 80 galeries et 20 artistes exposant en solo. Avec la participation des 30 organismes institutionnels, c’est un véritable tremplin à dimension internationale qui s’est présenté aux amateurs et passionnés d’art contemporain de même qu’aux artistes et galeristes venus – grâce à l’assouplissement sanitaire – des quatre coins du monde. Définitivement, pour les créateurs du salon, Thomas Hug et Laura Meillet, l’Art dépasse toutes les frontières. Avec ce désir de réunir l’ensemble des acteurs de l’univers de l’art contemporain, la rencontre a permis de nouer sur le plan national et international le dialogue entre marchands d’art et institutionnels. De suivre des conférences interdisciplinaires et de découvrir la Collection Ringier de l’éditeur suisse côtoyant le Centre Pompidou (Paris), le Boijmans Van Beuningen Museum (Rotterdam) ou les Serpentines Galleries (Londres)… Sans oublier la magie des formes, des couleurs et du son avec les 3 plateformes, artgenève sculptures, photographie et musique !
Si l’œuvre contemporaine se permet tous les excès, elle se pare également d’un minimalisme exacerbé où toute absence de style est l’expression même d’un imaginaire surdimensionné… Écho d’une réflexion disruptive, c’est la contestation née d’une émotion, la conception d’une réaction, fut-elle fureur ou transport de félicité… L’art contemporain enfreint les normes et se projette hors du commun. Sombres ou éclatantes ses formes et couleurs portent un message fort, un langage muet que d’aucuns, complices de ces témoignages transgressifs, adorent. Ou abhorrent ! Mais ne s’en lassent jamais… Certains artistes revendiquent « une avancée dans la progression des avant-gardes » par une œuvre délibérément transgressive, précaire ou déroutante. Ouverts sur le monde dans un brassage artistique influencé par la mondialisation, ils adoptent de nouveaux comportements et intègrent aujourd’hui des créations d’origines diverses tout en s’appuyant sur des technologiques avancées voire de nouveaux outils tels les arts numériques et la vidéo …
A la recherche d’une esthétique nouvelle où la performance se détache d’une fonctionnalité emblématique, l’art contemporain se vit à présent comme une expérience. Selon les courants, oubliant peintures et autres pastels, délaissant le marbre et le bronze, pour s’exprimer, contenus ou installations favorisent de nouveaux types de supports (médiums) et adoptent les matériaux naturels ou synthétiques tels la terre, le sable, le béton ou les miroirs, entre autres, plastique, polystyrène, silicone… Sans omettre ces technologies – photographie ou cinéma – qui, désormais, légitimées par une reconnaissance à part entière, revendiquent le statut d’art ! Si l’art contemporain entretient un lien évident avec les musées, fondations, représentations institutionnelles ou galeries et collectionneurs, hors cadre, les artistes ne manquent pas de manifester et de prendre fait et cause pour des événements et situations qui les interpellent ! Et… sources d’inspiration !
Une décoration rigoureuse, des stands aérés, des espaces aménagés séparés par des murs blancs s’ouvrant sur des allées tracées au cordeau, la déambulation est agréable et la circulation rendue facile dans un souci de clarté. Le visiteur pénètre au cœur de la manifestation accueilli par une immense toile installée en hauteur. Oeuvre de l’américain Jim Shaw, c’est l’Art qui vous tend les bras ! A la croisée des travées, vastement établis des éditeurs exposent des ouvrages rares et des livres didactiques. De vrais trésors ! Trésor, également l’édition L’Art à Genève, le guide des galeries édité par Vanna Kara (Karamaounas) alias Iseult Labote artiste photographe et fille de galeriste. Lancé à l’occasion d’artgenève. le recueil révèle 30 ans d’art à Genève compilant l’histoire des galeries avec des informations précieuses sur les marchands, les artistes d’ici et d’ailleurs et les personnalités phares qui ont fait la Genève artistique… Sans oublier les musées et ces nombreuses rencontres et interviews au long cours passionnants !
Allant à la découverte des artistes et de leurs créations, le public a (re)découvert ces « classiques » contemporains qu’on ne présente plus, Arman avec une époustouflante sculpture de Ferrari(s) rouge, bien sûr de la couleur signature de la grande marque automobile, entre autres Christo, Miro, Delvaux, Chirico, Braque, Klee, César, Botero… qui au sommet de la notoriété ne se présentent plus. Et ces jeunes pousses et artistes actuels confirmés ou en devenir… on ne saurait les énumérer tous.
Dans la contemporanéité la plus avancée, à la Galerie Cramer le visiteur a retrouvé l’artiste et designer Philippe Cramer. A l’avant-garde de collections virtuelles, il proposait sur son stand une série d’œuvres digitales NFT, des amulettes apotropaïques livrables sur un cryptowallet, qui pouvaient s’échanger contre leurs pendants IRL, une sculpture en aluminium laqué noir. Si le NFT n’était pas remplacé, il restait la clé d’accès à de futures expériences CryptoCramer dans le Metavers. A suivre. Pour initiés…