Locarno 2018

Par Erika Wanner

Locarno Film Festival

ETE TORRIDE SUR LA PIAZZA GRANDE
Une nouvelle ère s’annonce

La 71e édition du Festival de Film de Locarno a été mouvementée. Chahutée par quelques intempéries de force inhabituelle en cette saison, bousculée par l’annonce du départ du directeur artistique et dans l’attente fébrile de son successeur, étonnée par certaines sélections qui n’ont pas trouvé leur public, seule la Piazza Grande est restée égale à elle-même, magique et accueillante. Regards.

Torride à cause d’une météo affichant certains soirs près de 30° mais également en raison d’orages mémorables accompagnés de pluies diluviennes forçant les spectateurs à un repli en direction des cinémas ou à l’abri de grandes salles comme le FEVI, climatisés et bien au sec ! Si la météo et ce report de public pourraient expliquer un léger fléchissement de fréquentation, l’organisation de la 71e édition du Festival de Film de Locarno annonce tout de même la belle participation de 155 700 personnes en salles et sur la mythique Piazza Grande en 11 jours !

Outre le cinéma, Locarno c’est aussi le charme d’une ville aux nombreuses églises, belle avec ses maisons aux façades rouges, active avec ses animations, ses expositions d’art, en l’occurrence durant le Festival cette année, une exceptionnelle rétrospective de photos et maquettes des créations de Mario Botta, ce fils du Tessin, dont les œuvres architecturales sont célèbres à travers le monde. Simplement magnifique ! Lors d’une conversation avec Moritz de Hadeln, Christian Jungen et Marco Solari, à noter également la présentation du livre Mister FilmFestival. Un très bel ouvrage sur le 7e Art, truffé d’informations et d’anecdotes intéressantes. Avis aux amateurs !

Commémorations des Droits de l’Homme
Le Festival est aussi l’occasion de commémorations, celles célébrant les 70 ans de la signature de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme ont marqué Locarno par la présence très appréciée de Kate Gilmore Haut Commissaire adjointe des Nations Unies aux Droits de l’Homme à Genève. En l’absence de Michelle Bachelet – ancienne présidente du Chili – qui vient d’être nommée à la Direction du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme et dont le mandat sera effectif au 31 août 2018, Kate Gilmore a pris la parole sur la Piazza Grande avant la projection du film de la soirée.
Sa courte allocution a été acclamée par une standing ovation, aux cris des spectateurs manifestant avec force leurs soutiens. Soutien également le lendemain lors de sa prise de parole lors d’un entretien public. Les déclarations de Kate Gilmore ont à nouveau été favorablement accueillies par les participants Prenant exemple sur la Piazza Grande, où toutes les langues se pratiquent, où tant de nationalités se côtoient en paix, elle l’a comparé au monde… Et, c’est ainsi qu’on devrait vivre !

Mentionnant les réfugiés, depuis que le monde existe, certes, il y a toujours eu des migrants même s’il n’y en a jamais eu autant qu’aujourd’hui ! Fermer portes et fenêtres, mettre sa main dans la poche n’est, selon elle, pas la solution au problème… Si la survie dans le monde est en moyenne de 15 ans dans les pays pauvres tel que le Niger, dans les pays riches, elle s’inscrit autour des 50 ans ! Et d’ajouter, en référence aux futures votations fédérales du 25 novembre 2018 par lesquelles la Suisse doit décider de quitter, ou non, le Tribunal des Droits de l’Homme à Strasbourg, en cas de défection, Kate Gilmore l’annonce haut et fort, cette Suisse-là, elle ne la connaît pas et ne l’acceptera pas ! Et ce n’est pas du cinéma !

Passion Cinéma

Mais, retour sur le thème principal du Festival, le cinéma ! Si de très beaux films ont été présentés en compétition, avec une préférence manifeste pour Sibel de Guillaume Giovanetti et Cagla Zencirci, récompensé par le Prix des Critiques internationales Fipresci et par celui du Jury Œcuménique, hors concours, les films remportant nos préférences sont Birds of Passage de Ciro Guerra et Christina Gallego, avec BlacKkKlansman de Spike Lee, Prix du Public UBS et, l’Ordre des Médecins de David Roux. Mais également The Equalizer 2 d’Antoine Fuqua avec l’excellent Denzel Washington. Certains films, par contre, ne nous semblent pas mériter d’être projetés sur la Piazza Grande, comme le film dirigé par Ethan Hawke Blaze, par exemple, ou I Feel Good avec Jean Dujardin. D’ailleurs, il serait légitime de se demander comment ces films trouvent-ils leurs financements ?

A mentionner, la très belle perle du Festival, la rétrospective de Leo McCarey, ce cinéma qui faisait jadis rêver, celui-là même qui a contribué à la création d’une fabuleuse industrie avec tant d’emplois à la clé… Ce cinéma, nous le retrouverons au Grütli à Genève qui, chaque année accueille les rétrospectives de Locarno. Bravo, et merci ! Pour un souffle neuf, l’innovation et le renouveau, un nouveau directeur artistique serait bénéfique et bienvenu à Locarno, une personne percevant la sensibilité des lieux, ouvert aux bons choix en conséquence… Carlo Chatrian rejoignant la Berlinale en 2019, le nom du nouveau responsable – homme ou femme – sera vraisemblablement dévoilé le 24 août. Souhaitons à Marco Solari, Président du Festival et au Conseil d’administration d’avoir la main heureuse dans leur choix !

Vive le Cinéma, vive le Festival du Film de Locarno qui débutera le 7 août en 2019 !

20 août 2018
Erika Wanner envoyée spéciale Exclusif Magazine à Locarno et G.A.-D
Photos courtoisie Festival du Film Locarno et © Massimo Pedrazzini- Marin Mikelin – Samuel Golay – Marco Abram -
www.locarnofestival.ch
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