avec Ça commence par le feu …
l’après chute du mur de Berlin
La pièce soulève ici un coin de l’histoire contemporaine. Au tournant d’un monde sortant de ses frontières au lendemain de la chute du Mur de Berlin, un récit décapant sous la plume abrasive de Magali Mougel. Vu à travers la loupe de 1989, trempé dans les poncifs d’une jeunesse neuchâteloise se questionnant sur les conséquences à attendre – ou espérer – de ce bouleversement… Une interprétation grinçante d’une époque pas si lointaine.
Dans une mise en scène par Anne Bisang avec une mise en images de Camille de Pietro, le public découvre des lendemains qui s’agitent, se chahutent, se cherchent… Une situation foisonnante et révoltée. Dans le cercle familial, un entre-soi qui s’interpelle et se chicane, on fête la dissolution des barrières tout en s’interrogeant sur l’avenir. Querelles et ergotages s’emballent s’attendant que l’entourage proche réagisse face à ce changement historique mais, visiblement, l’affaire n’alerte pas la société. Même si certains imaginent « l’imminence d’une catastrophe pour retrouver une résonance avec le monde… ». L’interprétation par les comédiennes et comédiens des troupes du TPR et du Poche – est remarquable de justesse et de sensibilité, ils sont magistralement à fond dans leurs rôles. Le public, quant à lui, s’immerge dans cette (drôle) d’époque entre espoir et déliquescence…
Et voilé la catastrophe qui surgit ! Peut-être pas celle que les circonstances de la chute du mur de Berlin laissaient présager avec des parenthèses brutales ou des mouvements politiques mais… par une horde de frelons envahissants les toits de la ville. Par une nuit d’hiver où des incendies se déclarent ! Une séquence retour aux sources helvétiques avec des réminiscences de nos temps bouleversés par lesquelles le récit fait mine de rallier les paisibles panoramas suisses… Mais las, Ça commence avec le feu et les échauffourées s’installent dans les rues de la capitale horlogère… Et la suite, se poursuivant par un feuilleton hybride, original tout en « courbes et épingles » tient en haleine les spectateurs. Entretenant le suspens, dans la dernière partie, le public est plongé dans les années 1990 et l’émancipation des mœurs qui prennent ici de joyeuses libertés… On ne vous en dira pas plus !
A voir jusqu’au 2 février 2025 au Poche en Vieille ville à Genève
En tournée les 14 et 15 février 2025 au Théâtre Les Halles à Sierre
Les 21 et 22 février 2025 au Théâtre Nuithonie à Villars-sur-Glâne