L’impatiente envie de changer
quand l’enfant parait…
Les fans attendaient avec impatience cette 2e partie de saison au Poche. Manifestés avant l’heure dans une joyeuse effervescence s’empressant à l’entrée du théâtre, enthousiasme et ferveur ont signé ici les retrouvailles du public à la Première de Et soudain Mirna. La pièce de Sybille Berg, auteure et dramaturge zurichoise multi primée, est à l’affiche depuis le 4 mars. Une œuvre tout en mouvement et réflexion !
Dès son installation en vieille ville de Genève, le Poche s’est démarqué par ses choix avant-gardistes. Avec pour mission d’élargir le champ des possibles, offrant son plateau à des créations originales, le théâtre s’est toujours investi révélant des auteurs contemporains au message urbain et sociétal ! Mettant en scène des situations quotidiennes, pour en faire des succès jamais démentis. Et le public en redemande. A l’époque des réseaux sociaux où les détails de vie défilent aux yeux du monde, où l’intime s’étale dans tous les sens, il convient de rester sur le qui-vive, au propre et au figuré, pour arriver à découvrir son identité ! On joue à savoir, mais, on ne sait pas ! Cerner les contours, se prendre à bras le corps, les changements s’imposent. Pour construire l’espace et (re)trouver le chemin de ce concept démodé… qu’est le bonheur !
Et soudain Mirna ! C’est l’histoire d’une twentysomething-early forties, furieusement dans le trend du temps, s’observant à changer d’une working girl sans véritable plan de carrière en une mère qui se cherche… Et s’interroge. Si, une naissance, celle de Mirna, la transforme, elle ne se perçoit pas comme… maman ! Que connaît-elle de cette douceur dont s’enveloppe traditionnellement l’image maternelle ? Vécue comme une menace, la maternité est, en même temps, une joie. Le personnage vit ici l’espoir d’une renaissance, d’un nouveau départ que démange l’urgence d’un déménagement… On rêve de rompre avec les normes et le conformisme, effacé le désir de réussite, on se veut, désormais, à contre-courant ! Et, soudain Mirna se manifeste apportant son aide à construire et déconstruire ce lourd bagage – ces souvenirs – à fourrer dans les cartons de l’oubli ! Tendre moment mère et fille en complicité.
Avec Bénédicte Amsler Denogent et Lucie Zelger, le public est face à deux personnalités hautes en détermination, des comédiennes qui vivent leurs personnages. De l’introduction en solo, dans la salle devant les spectateurs, au duo sur scène entre mère et fille où l’adulte n’est pas nécessairement celle qu’on croit, la pièce jouit une cadence rythmée. Avec une trame d’échanges colorés, de dialogues vifs en questions générationnelles ou, empreints d’une gravité liée à l’actualité morose des incertitudes d’aujourd’hui, l‘œuvre repose entre humour et sérieux. Totalement dans les tendances du jour. Sur une mise en scène de Nicole Seiler, une production POCHE/GVE qui sera suivie successivement par Au Bord de Claudine Galea dès le 18.03 et, femme disparaît (versions) de Julia Haenni dès le 15.03. A vos agendas.