Panama et ses environs

Par Georgika Aeby-Demeter

Ce bout de terre qui serpente reliant les deux Amériques, resserrant les liens entre le nord et le sud, un pied dans la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique, l’autre plongé dans le Pacifique offre une opulente diversité touristique…

Aux portes de l’Atlantique

A 75 km de Panama City, issue de l’héritage de la création de la ligne ferroviaire panaméenne, en réponse aux besoins générés par la ruée vers l’or, en Californie, Colón, est aujourd’hui le plus grand port de la Mer des Caraïbes et la seconde plus importante zone franche portuaire au monde après Hong Kong ! La ville a été fondée en 1850 par les américains travaillant sur le chantier du rail, gagnant en importance à l’achèvement des travaux, sa notoriété s’est réellement imposée grâce à la construction du canal de Panama. Si sa réputation est restée sulfureuse en raison des heures sombres de la colonisation, l’attraction demeure… et, on n’oublie pas que Gauguin est passé par là ! Le voyage de Panama City en train panoramique par Panarail Tourism Company est une expérience à ne pas rater.

 

Beauté afro-caraïbes (C) Office de tourisme ColonColon a le charme particulier d’un décor de film de pirates et de flibustiers, vibrant, pétri de contrastes, de légendes et de murmures inquiétants. Il est dit qu’un guide est recommandé pour accompagner le visiteur dans sa découverte…Toute la magie est là, sans compter qu’ici le tourisme reste encore balbutiant en dépit d’une mer turquoise, de plages et de criques accueillantes, de vestiges coloniaux, de ports et de fortifications d’un autre âge, de réserves d’oiseaux tropicaux… Inscrites au Patrimoine mondial de l’humanité, à voir, les ruines des forteresses de San Lorenzo et de Portobelo ou encore San Jeronimo, qui ont indifféremment servi au gré de l’histoire de défenses contre les pirates, de douanes ou de prison… D’ailleurs une très forte connotation culturelle reste liée à ces prisonniers avec la tradition Congo, leurs danses et musiques d’inspiration africaine et la vénération du Christ Noir.

 

Taboga l’île des fleurs
Dans un tout autre registre, à quelque 30 minutes de distance de Panama City, se déclinant sur un air de vacances et de plaisirs balnéaires, Taboga est une île volcanique. Desservie par Taboga Express Ferry plusieurs fois par jour au départ du Balboa Yacht Club, elle est fréquentée par les Panaméen pressés de quitter la capitale pour un week end et par les visiteurs choisissant une escapade proche et, pourquoi pas ? un aller-retour dans la journée… Faisant partie des Pearl Islands, Taboga est aussi appelée la Californie de Panama.

Outre les baignades, l’exploration des fonds marins avec masque et tuba et la location de kayaks… il est possible de grimper jusqu’au sommet de Cerro Vigia ou encore de Cerro de la Cruz. Les pistes sont agréables, la marche facile et la vue magnifique avec une vaste perspective filant jusqu’à Panama City. En chemin, des maisons aux différentes couleurs lovées dans une riche végétation se dérobent au regard avec coquetterie, des chambres d’hôtes, des pensions et des hôtels de charme pour la plus part. A quelques pas du débarcadère, l’historique église de Saint Pierre mérite qu’on s’y arrête, c’est également ici que se sont installés les restaurants et bars de la petite ville.

Coup de cœur
Les indiens Kunas, groupe ethnique amérindien du Panama, sont principalement installés sur l’Archipel San Blas. Environ 20 000 Kunas y vivent aujourd’hui avec un statut spécial et selon un système politique occidentalisé.

Très attachés à leurs terres et cultures, conservant leurs coutumes et langue ils continuent de transmettre leurs danses et, en particulier, cette tradition textile unique, cet art mola qui est le propre des femmes de la tribu. Les molas sont les plastrons et dossards ornant les tuniques féminines. Confectionnées de plusieurs couches de tissus, ces pièces sont de véritables sculptures de motifs superposés et colorés proche de la technique appliqué-inversé. Il ne s’agit là nullement de tissage mais bien d’un assemblage, d’une confection cousue à la main à l’aide de minuscules aiguilles et produite à usage personnel. Selon la complexité du dessin, l’ouvrage requiert plusieurs semaines voire plusieurs mois de travail !

Un art centenaire
Étonnamment, les motifs molas s’inspirent de formes géométriques et abstraites, les couleurs habituellement utilisées étant le rouge, l’orange et le noir. Inspirés par la nature, les plantes et les animaux, ils s’expriment en symboles forts et librement interprétés. Si les créations authentiques sont convoitées par des collectionneurs, aujourd’hui, appréciés des touristes, des molas commerciaux ont fait leur apparition sur les marchés et les boutiques de souvenirs. Plus petits, plus figuratifs, ils restent très colorés mais il convient de les différencier des molas artisanaux issus de la tradition qui sont l’œuvre d’artistes créatrices. Les molas étant pratiquement les seules sources de revenus des femmes Kuna et de leur famille, c’est le patrimoine culturel de tout un peuple qu’il convient de protéger.

Protéger l’art mola

Ana Deborah Amaya Jované, une ravissante avocate de Panama City, s’est prise de passion pour les Kunas et en particulier pour leur art traditionnel. Créant la marque Franklin Panama, elle a ouvert à Casco Viejo une boutique où trouver des carrés, foulards et paréos en pure soie d’inspiration mola. D’interprétation libre ou authentiquement reproduits, les dessins restent la signature des Kunas. Me Amaya Jované a sollicité l’accord des Kunas et a obtenu une licence du Ministère du Commerce de Panama s’appuyant ainsi sur la loi pour protéger la propriété intellectuelle des femmes de la tribu. Elle est liée par contrat pour reprendre le graphisme d’origine, revu au goût européen et mettre en valeur cet art exceptionnel. Une exclusivité à long terme lui permet de reverser aux Kunas 10% du produit des ventes.

30 novembre 2016
Art Mola Panama
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