Un spectacle d’illusions
sur le grand cirque de la vie
Au Théâtre de l’Orangerie, au cœur du parc La Grange à Genève, Tadaaah, un spectacle ébouriffant sur la société poursuit sa trajectoire du succès. Entre cirque et réalités surprenantes, violences et illusions, une conception de Julia Botelho assurant à la fois la mise en scène et, se retrouvant sur les planches… Avec la Cie Ex Aequo, une coproduction Théâtre de l’Usine, à découvrir les 6 et 7 août. A vos agendas !
Des parois tendues, la scène du théâtre recouverte de terre, une porte penchée, une musique dévorant l’espace qui s`amplifie pour accueillir un premier personnage… Ainsi planté, le décor brosse d’emblée l’ambiance et donne le ton du spectacle. Tadaaah est une pièce mutique qui prend le public par la main, le baladant en des sphères de silence glaçant. Le menant, entre cris et chuchotements étranges, vers un questionnement insidieux. Dès les premiers instants, le spectateur se trouve, sans l’air d’y toucher, plongé dans le cirque de la vie… Et ses les plus noires vérités.
En ouverture, murée dans un silence incandescent, une hiératique Madame Loyale fait une apparition tenant des cymbales. Prêtes à s’entrechoquer… Une Princesse, deux clowns, un yéti (ou serait-ce un lion ?) complètent l’intriguant aréopage avec une toute jeune fille enrobée dans sa candeur. Avec Julia Botelho, interprétation Dolo Aurore Andaloro, Arlet Capella Margarit, Victor Delétraz, Judit Waeterschoot et Antoine Weil.
Le rythme de la pièce se complaisant dans les méandres des cercles de la lenteur, le public retient son souffle découvrant, tour à tour, l’allure d’un soupir ou, plus rapide, celle d’une fuite éperdue… Désespoir de la solitude ? La question se pose face à l’insistance d’un propriétaire cherchant vainement à inviter une jeune personne à son appartement. Il existe toujours une chambre libre pour piéger une proie… Schéma simpliste et foisonnant à la fois, au spectateur d’interpréter les issues selon sa sensibilité propre ! Et son vécu. De répondre dans l’intimité de son imagination aux grands effets du fracas d’images présentées. D’établir sa vérité entre l’indicible et les messages occultés. Y voit-on les griffes du pouvoir ? Les affres de la solitude, des cris de douleur ou, encore, cette énergie piaffante déferlant sur scène dès l’ouverture ? C’est, en tous cas, une cavalcade libératrice où le spectateur se baigne dans un lit d’élucubrations sans borne. Au parfum de révolte !
Noble tâche, il revient au public de délier ici le fil conducteur… De procéder à la lecture de la pièce forgée sur le vécu et la cadence de sa propre vie ! Julia Botelho, artiste genevoise active dans les arts visuels, a mis du temps à murir son projet. Selon ses paroles, dans son travail, elle privilégie la remise en question des limites « entre l’intimité de la sphère publique » et réfléchit « sur la nature de notre existence corporelle et les subtilités du monde contemporain »… En prenant forme sur scène, Tadaaah est devenu cette œuvre collective que Julia partage avec les comédiens et, où tout est sujet à interprétation…
A découvrir impérativement lors des dernières représentations au TO !